Un nakamal déserté, il est deux heures du matin. La lanterne rouge éclaire quatre visages ensommeillés, de retour des brumes de quatre rêves intrigants qui vont bouleverser leurs certitudes et leurs ambitions.
Mayoon rappe dans sa chambre. Il rêve de show à l'américaine, de quitter le caillou, de s'éloigner de la tribu. Remplir ses poches sans que personne puisse venir y fourrer les mains. Il sort avec Lani, une plume incroyable, une voix divine, mais qui ne chante pas. Pas devant les autres en tout cas. Elle est plutôt Piaf que Drake, plutôt Montmartre que Hollywood, et dans leur petit couple c'est elle qui fait la loi. Elle écrit, et pour ne pas que ça se perde, elle confie ses textes à Iwen, qui les slame, avec sa grande gueule et son exubérance bonhomme. Iwen se définit comme une afro-océano-féministe, mais ce qu'elle pose sur le papier est trop agressif, ça n'a ni la douceur ni la poésie de Lani, et ça marche pas fort quand elle le déclame devant un public. Kydja complète la bande. Il ne fait pas grand-chose et ça lui va bien. Il fume de l'herbe, passe ses journées sur Youtube et ses nuits sur sa PS4. Parfois il regrette le temps où il était petit, où il allait pêcher à la barrière avec son grand-père et où on n'avait pas l'âme vampirisée par toute cette technologie. Seulement il est addict, et ses journées sont rythmées par ses parties en ligne et les slams de Iwen qui ne passe jamais ses journées très loin de lui. Elle lui plaît mais il doute que la réciproque soit vraie. Alors il pose son casque sur ses oreilles et rejoint sa team sur le net, un petit joint au coin de la bouche.
Nakalam, c'est la rencontre de quatre jeunes, nourris de culture occidentale et en rupture avec leur terre, avec les légendes et les traditions calédoniennes. C'est un voyage dans le subconscient, dans les messages qu'il nous transmet et dans l'imaginaire local.
Nakalam, c'est une déclaration d'amour à la Kanaky et un humble hommage à ses coutumes et traditions.
L’auteur
C'est en janvier 2018 que la rencontre a eu lieu : un amoureux des mots tombait sous le charme d'une terre d'oralité et décidait de tout quitter pour la rejoindre. Près de deux ans plus tard, la lune de miel se poursuit toujours.
Comédien et écrivain amateur depuis de longues années, David a rejoint Pacifique et Compagnie peu de temps après son arrivée dans le pays et a tout de suite été séduit par les valeurs véhiculées par Isabelle de Haas et sa volonté de valoriser et de mettre en lumière les talents locaux.
A travers Nakalam, David veut dire merci à cette île qui lui est chère et mettre sa plume au service de son histoire et de son patrimoine.